Rive Gauche (Pandora)

Ah la Rive Gauche, terre de fantasme bohèmes…Et pourtant, j’ai toujours vécu rive droite ! Bien qu’étant farouchement attachée à ma moitié de Paris, je n’ai jamais perçu la rive gauche comme le coté obscur, bien au contraire, elle est pour moi éternellement associée à la vie parisienne, hautement artistique et intellectuelle des années 20, mais aussi des années 50 et 60, ou même 70. Il y a d’abord la Rive Gauche des peintres fauchés du Montparnasse déjanté, Modigliani, Foujita et leur muses, Kiki dansant sur les tables, le studio de Man Ray et l’intelligentsia haute en couleur de la Coupole : Rive Gauche, carrefour des arts. Puis viennent dans les années 50 les cabarets chantants et les troubadours à textes, Brel, Barbara et Ferré , les cafés existentialistes du boulevard saint-Germain où l’on porte des cols roulés noirs en fumant des cigarettes à la chaîne, Jean-Paul , Simone et leurs apôtres. Enfin, ma période préférées, les années 60 ! Dans les années 60, Saint-Germain-des-Prés est le haut lieu de la fête parisienne, on va chez Castel pour y croiser les Stones ou l’équipe de salut les Copains, une ère joyeuse et libérée que les parents de mon copain ont connu en habitués et je les envie ! C’est cette époque que j’incarne aujourd’hui sur les photos, où l’on allait chez Lipp ou au Flore en portant longue frange et robe courte à col Claudine, en imitant la nonchalance de Françoise Hardy ou l’innocence de France Gall. C’est justement ce style que j’ai découvert au printemps dernier lors de la présentation de la collection Automne/hiver de Comptoir des Cotonniers, dont le titre « Nouvelle Vague » ne pouvait que me séduire, car il représente tout ce que j’aime, ce style parisien un peu yéyé, un peu garçonne, qui m’obsède depuis quelques temps. Des casquettes mutines, des petit pull-over à col, des minijupes, et des cuissardes ! Le parfait uniforme des égéries Rive Gauche…D’ailleurs, qui mieux que l’insolente Zouzou pour incarner cette Rive Gauche des années 60, elle qui régnait en maître sur le Drugstore (à l’époque boulevard Saint-Germain) avec sa casquette gavroche et ses tenues imaginées par Jean-Paul Goude. Et puis, avec Brian Jones ou Michel Taittinger au bras, ça aide ! Allez, maintenant on passe aux années 70, où les bandes rivales de Saint Laurent et Lagerfeld se livrent une guerre acharnée entre les tables du Flore ou de la Coupole, en se disputant les faveurs de Warhol ou Helmut Berger. Chaque soir, le Paris frivole de la Rive gauche guette avec impatience les entrées fracassantes des muses flamboyantes : Loulou de la Falaise, Pat Cleveland, Donna Jordan..La Rive Gauche n’a pas fini de scintiller.