Paris : La Cité de l'Ermitage à Ménilmontant, une cité ouvrière au charme champêtre - Paris 20




Rattachée à Paris en 1860 par le baron Haussmann, la commune de Belleville était le symbole d’un est parisien à la fois rural et ouvrier. Le temps d’une escapade à travers l’Histoire, au cours d’une promenade, il n’est pas rare de découvrir au détour d’une venelle des ilots verdoyants, cités ouvrières pittoresques, préservées jusqu’à présent par leurs habitants de l’appétit des promoteurs immobiliers. Jardins secrets et jolies petites maisons de ville s’épanouissent à l’abri des regards. Le XXème regorge de lieux insolites, mémoire des anciens villages parisiens. Fondée au Moyen-Age sur les coteaux viticoles des grandes abbayes alentours, Belleville - probable déformation de Belle-Vue en référence à sa géographie - prend son nom définitif au XVIIIème siècle. Lors de son annexion au XIXème siècle, guinguettes et théâtres divertissent les urbains qui viennent y passer leur dimanche. Quartier populaire ponctué de cités-jardins d’un autre temps et de larges barres de béton datant des années 70, je vous emmène découvrir l’un des trésors de Ménilmontant, cette ancienne paroisse de Belleville, la très champêtre Cité de l’Ermitage.






La prolongation de la rue de l’Ermitage en 1867 jusqu’à la rue des Rigoles puis jusqu’à la rue Olivier Métra a permis la création de nombreux passages insolites dont la Cité de l’Ermitage qui fût ainsi baptisée en souvenir de ses origines en 1981. Si au numéro 3, une bâtisse récente, immeuble impersonnel de trois étages a remplacé la plus ancienne maison de la cité, il suffit de faire quelques pas plus avant pour retrouver le charme bucolique des pavillons individuels conservés en l’état ou divisés en plusieurs appartements. Jardins envahis d’herbes folles et de fleurs des champs, rosiers savamment entretenus, la nature fait une belle incursion en pleine ville à quelques mètres de la très urbaine rue de Ménilmontant. La Cité de l’Ermitage qui se termine en impasse débute au 113.







Derrière les canisses de la première habitation, on devine déjà l’abondance de la végétation tandis que la glycine et les bambous s’échappent par-dessus le grillage. Enfouis dans le feuillage se dévoilent peu à peu la brique et la pierre grise typiques des cités ouvrières. Le long de l’étroit passage aux pavés disjoints - deux mètres de large - le promeneur retrouve une quiétude singulière à laquelle la grande ville ne nous a pas habitués. En avançant, une petite place baignée de lumière où paressent des matous se révèle aux curieux. Soyons discrets afin de ne pas déranger les habitants privilégiés de cette allée bucolique qui si elle présente toutes les caractéristiques d’un passage privé n’en demeure pas moins une voie publique.





Contrairement à certains endroits cachés parisiens visités auparavant, comme le square Montsouris que vous pouvez redécouvrir ici, la Cité de l’Ermitage a conservé son cachet populaire qui se manifeste par une certaine patine du temps. La gentrification ne semble pas avoir encore tout à fait atteint le passage. Murets de jardin éboulés, grilles en fer forgé rouillées, maisonnettes rustiquement entretenues dont la peinture s’écaille et les volets de bois se délitent, pavillons squattés par des artistes et fresques sauvages confèrent aux environs un supplément de charme légèrement foutraque auquel je suis assez sensible. L'esprit libertaire et frondeur de la Commune n'est pas très loin. Plus qu'un espace de mémoire pomponné et figé d'un Paris ville-musée fantasmé, il s'agit d'un authentique lieu de vie et de création.







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