Winnie Mandela poursuit son combat

Dans l’histoire, connue du public, de la vie de Nelson Mandela, son ex-épouse Winnie Mandela fait figure de personnage controversé. Surnommée « la mère de la Nation », elle a en effet souvent fait l’apologie de la violence afin de combattre l’apartheid. Malgré son âge avancé, elle n’a rien perdu de sa volonté.

A 77 ans, elle est toujours aussi passionnée et radicale. Winnie Mandela ne regrette rien de ses années de jeunesse durant lesquelles elle n’a jamais hésité à faire usage de violence afin de faire tomber le régime ségrégationniste sud-africain. Contrairement à son ex-mari, elle n’a jamais renié l’usage de la force, bien au contraire. Pour elle, c’est cette radicalité qui lui a permis de faire vivre l’esprit de son mari lorsqu’il était emprisonné.

« Si je ne m’étais pas battue, il n’y aurait pas eu de Mandela, le monde entier l’aurait oublié et il serait mort en prison, comme le souhaitaient ceux qui l’y ont jeté », explique l’ex-épouse de Madiba (de 1958 à 1996) en référence à l’emprisonnement de vingt-sept ans de ce dernier. Pour elle, Nelson Mandela a moins souffert en prison que s’il était resté en liberté. « Ce qu’ont connu Mandela et les leaders de l’ANC en prison, à Robben Island, n’a rien de commun avec les épreuves qu’ont traversées le peuple sud-africain et nous, les militants de base de l’ANC, pendant toute ces années. Nous étions la chair à canon du combat contre l’ennemi. Eux, en prison, n’ont jamais été torturés comme nous l’avons été » assure-t-elle.

Elle n’oublie cependant pas de remercier ceux qui l’ont aidé dans cette lutte comme l’homme d’affaires Jean-Yves Ollivier. Elle le racontait l’an dernier dans le documentaire « Plot for peace », c’est elle qui était en contact avec cet intermédiaire, ennemi farouche de l’apartheid qui a multiplié les actions secrètes pour casser ce système. « Quand j’ai découvert qui il était, je me suis sentie toute petite. » se rappellait-t-elle.

Le jeune populiste Julius Malema attaque les membres de son propre parti et se retrouve exclu pour indiscipline en février 2012 ? Winnie Mandela n’hésite pas à le soutenir publiquement, lui qui a toujours montré l’admiration qu’il porte à celle qu’il souhaiterait nommer « présidente de ce pays ».

Résidant toujours à Soweto, l’ex-femme de Madiba s’est considérablement endurcie pendant son année de détention en 1969. En véritable dame de fer, elle se montre très critique envers le bilan politique de Nelson Mandela et de ses successeurs. « Tout au long de ces vingt dernières années, nous avons vu que les valeurs qu’incarnait Mandela avaient du mal à s’ancrer dans la réalité. Ce n’est pas un secret que la jeunesse de ce pays est sans emploi et qu’il s’agit d’une bombe à retardement » juge-t-elle.

Celle qui souhaitait « répondre à la violence par la violence » quand son mari croyait en la paix n’estimera jamais que son combat est terminé. Jusqu’à sa mort, elle restera une militante infatigable de la cause des Noirs en Afrique du Sud.

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