Garance Doré (FR)

garancedore.com/fr · Jan 16, 2015

Career / Brooks Roach

Brooks travaille dans la musique, chez Atlantic – il a un job passionnant où il s’occupe d’artistes et j’ai trouvé que ce serait super intéressant de lui demander de nous parler un peu de son rôle et de son milieu. La musique a tellement changé depuis quelques années qu’on peut se demander quelles carrières on peut y poursuivre. Celle de Brooks va certainement vous inspirer…

Quel est l’intitulé de ton poste ?
Je suis chargé des tournées et de la promotion des artistes chez Atlantic Records.

Petit, qu’est-ce que tu rêvais de faire plus tard ?
Quand j’étais petit, je ne savais vraiment pas ce que j’avais envie de faire. Ah si, je faisais beaucoup de natation à l’époque, et je me disais : « Voilà, je serai le prochain Michael Phelps ». Je voulais devenir un athlète.

Arrivé à la fac, je ne savais toujours pas ce que j’avais envie de faire. Je ne sais pas pourquoi, l’idée de devenir lobbyiste politique m’est venue. Je me demande vraiment comment j’ai eu l’idée… je ne sais pas d’où ça vient. Toujours est-il que je me suis dit que j’allais faire des études de sciences politiques. « Ça a l’air génial, je vais faire ça. » Je me suis lancé, j’ai pris quelques cours de sciences politiques, j’ai appris les rouages de notre paysage politique, l’histoire des sous-cultures politiques, et le PNB de pays que je ne savais même pas situer sur une carte. Et là, j’ai compris que ce n’était pas du tout mon truc.

Où as-tu fait tes études ?
A UC San Diego (University of California de San Diego).

Dans quel domaine ?
La communication… comme à peu près tout le monde. Ça ne veut absolument rien dire.

Les gens ne se rendent pas compte. Je fais du business development alors que j’ai fait des études de journalisme et de philo.
Et j’ai pris option théologie. C’est très important d’avoir tout ça comme bagage (rires).

Que font tes parents ?
Mon père est dentiste, ma père l’a aidé à installer son cabinet puis s’est consacrée à notre éducation, à ma sœur et moi. Mon père a un cabinet à Austin, au Texas, d’où on est originaires. Il continue à bosser trois jours et demi par semaine Lui dit quatre jours, mais c’est trois et demi… le vendredi, il fait du ski nautique. Il a toujours voulu qu’on fasse des études de médecine et de dentisterie avec ma sœur, pour qu’on reprenne le cabinet. Mais on lui a toujours répondu que ce n’était pas trop notre truc.

Tu as toujours aimé la musique ?
Oui. A la fac, quand j’étais étudiant en sciences politiques, j’avais une pensée un peu formatée. La musique, c’était une passion, un loisir. Au lycée, j’allais à trois ou quatre concerts par semaine, parce que la scène musicale d’Austin est vraiment géniale. J’ai passé toute ma jeunesse là-bas, et les concerts, c’était presque tous mes loisirs, j’en ai profité dès que j’ai eu mon permis. C’est vraiment un truc dans lequel j’ai toujours baigné, et je n’y avais jamais réfléchi avant d’arriver à la fac.

Du coup, à la fac, – je crois que c’était dès le premier trimestre -, j’ai entendu des gens dire qu’ils organisaient des concerts et que je pourrais me joindre à eux. J’étais curieux de savoir comment on organise un concert. Ça avait l’air d’être le truc le plus cool du monde. Pour la personne lambda, l’organisation d’un concert, c’est toujours entouré de mystère. On ne se rend pas compte que c’est un job à part entière. J’ai commencé à bosser là-dessus en première année, je me suis vraiment impliqué, j’ai mouillé ma chemise.

En deuxième et troisième année, j’ai organisé environ 150 concerts pour la fac. Que ce soit un petit concert intimiste dans un café ou un gros concert en plein air, des rappeurs, des groupes de pop indé ou emo… C’était presque la fac qui nous suppliait d’organiser ces concerts pour les étudiants, dans l’objectif de développer une certaine culture.

Je crois que les étudiants ne se rendent pas forcément compte une fois à la fac qu’il y a un budget pour ce type d’événements, et que la fac encourage ce genre d’initiatives parce que ça crée une super émulation, et ça attire les nouveaux étudiants. Il y a tellement de ressources à disposition dans ce genre d’endroit.
On avait un budget très correct, donc on a pu organiser pas mal de concerts. Il y a plein d’endroits qui se prêtaient à des concerts sur notre campus, donc ce n’était pas forcément une scène classique à chaque fois. On pouvait organiser des concerts dans un pub, c’était sympa.

Il y a plein de gens qui veulent bosser dans la musique juste parce que ça a l’air super sexy. Mais il faut essayer de trouver le secteur dans lequel on est bon, celui dans lequel on se fera remarquer.

Concrètement, comment on organise un concert ?
Il faut penser à tous les détails. Il faut avoir le lieu, le budget, cerner le public cible, comprendre le type d’événements auquel il aimerait participer. A partir de là, on contacte des agents et des groupes. Aujourd’hui, on peut facilement trouver qui est l’agent ou le manager d’un groupe parce qu’ils sont sur Facebook, mais il y a 10 ans, il n’y avait qu’un annuaire en papier, une espèce de bible, — qui existe encore — et qui répertorie, pour chaque groupe, le nom du manager, de l’agent, et un moyen de les contacter.

Le premier concert auquel tu es allé ?
Mon premier concert, c’était une soirée country à Austin, avec mon père. Il y avait Bryan White et LeAnn Rimes.

Mon premier « vrai » concert, c’est-à-dire pas dans un immense stade mais en club, à Austin, c’était Fall Out Boy. Je crois que c’est un groupe que j’ai vu en concert une bonne quinzaine de fois depuis. Souvent parce qu’il joue à une soirée où je vais, ou que je fais jouer un groupe en première partie de leurs concerts. C’est sympa d’avoir pu être témoin de leur parcours, parallèlement au mien.

Quand est-ce que tu t’es aperçu que c’est quelque chose qui t’intéressait professionnellement ? Ou que tu pouvais en faire ton métier ?
En commençant à organiser des concerts, je me suis rendu compte que c’était un vrai boulot et pas juste un passe-temps. C’est ce qui m’a donné envie de considérer les différentes ouvertures dans ce milieu.

Il y avait les sociétés de management d’artistes, les labels de musique, les boîtes de RP, et je me suis demandé ce qui me conviendrait le mieux. Je me suis demandé, comme je débutais, quel était le meilleur choix à faire, ce qui serait le plus porteur. Comme j’avais déjà bossé avec pas mal d’agents, je me suis dit que le meilleur choix c’était de faire un stage en agence. Un été, j’ai fait un stage chez The Agency Group à LA et l’été d’après, à NY, dans une agence qui s’appelle Paradigm, puis une société de management, Red Light Management.

Je voulais me faire un carnet d’adresses, avoir un pied dans le milieu. Il y a plein de gens qui veulent bosser dans la musique juste parce que ça a l’air super sexy. Mais il faut essayer de trouver le secteur dans lequel on est bon, celui dans lequel on se fera remarquer. Après mes stages dans ces deux boîtes, j’ai fini par entrer chez The Agency Group à NY. J’ai eu l’offre d’emploi un jeudi, le vendredi je faisais mon dernier jour à San Diego et le mardi, je commençais à NY.

En quoi consistait ton travail de stagiaire ?
J’ai fait un peu de tout. Je répondais au téléphone, je faisais des petites courses pour les gens, de la saisie, des contrats, ce qui était génial, parce que j’ai vraiment pu comprendre comment se négociaient les contrats pour un concert. Le moment que j’ai préféré, c’était chez The Agency Group à LA. Le PDG de la boîte est venu de Londres, il m’a demandé de conduire sa Porsche de location qui était à Century City jusqu’à l’hôtel Sunset Marquis de West Hollywood. A 19 ans, je trouvais que ça avait trop la classe de traverser Beverly Hills en Porsche. Est-ce que j’ai appuyé sur le champignon ? Ha… à votre avis ?

Aller vivre à NY, c’était un rêve ? Ou est-ce que tu y es juste parti pour ce job ?
J’étais plutôt ouvert à tout, à l’époque. J’avais reçu des propositions de jobs de CAA, William Morris et The Agency Group.

C’est vraiment génial, d’autant que c’est plutôt rare.
C’était top. Mais il faut savoir qu’en général, quand on débute dans un de ces gros groupes, on se retrouve dans la salle du courrier et on est juste un numéro, rien d’autre. Et moi, j’avais envie d’une expérience plus personnelle.

Le type pour lequel je bossais s’appelle Steve Kaul, ça a vraiment été un mentor génial. Au bout de trois mois, il m’a dit : « Bon, voilà un des groupes dont je m’occupe. Organise-leur une tournée, débrouille-toi. Tu négocies tous les deals, tu définis le prix des places, l’itinéraire de la tournée, ensuite on en parlera avec la direction et on confirmera la tournée ». Il m’a vraiment fait confiance, et c’est une chance que je n’aurais pas eu si j’avais bossé dans une structure plus importante.

Et donc quel a été ton premier poste là-bas ?
J’étais l’assistant du vice-président de The Agency Group à NY. Il s’occupait – entre autres – d’un super groupe de rock-indé canadien que vous connaissez peut-être, Nickelback… eh oui… Nickelback était son plus gros client. Ça a été une expérience géniale de faire mon apprentissage avec un des groupes les plus célèbres de la planète. Ils continuent à remplir des stades entiers et pour moi, un concert de Nickelback, c’est un peu, comme je le dis aux gens « Une version bourrée du karaoké. »

Excellent. J’adore le karaoké !
On n’a pas vraiment besoin de connaître tous les morceaux de Nickelback par cœur, mais en fin de compte, on les connaît quand même tous.

Bref, j’ai bossé avec Nickelback et plusieurs groupes de ce type. J’ai aussi travaillé pour d’autres artistes que j’aime toujours : Built to Spill, un groupe un peu alternatif qui joue depuis une vingtaine d’années, Doug Martsch, une légende de la guitare que les gens vénèrent. Dans ce genre musical, il est considéré comme un dieu de la guitare. Il n’avait pas de manager, donc c’était vraiment sympa de bosser avec lui sur plein d’éléments différents. Et il y avait aussi Citizen Cope, qui est auteur-compositeur.

Et l’étape suivante ?
Je suis resté chez The Agency Group pendant trois ans et demi. J’ai vraiment adoré mon expérience dans cette boîte, et puis une autre opportunité s’est présentée chez Atlantic Records grâce à mon boss actuel.
Il m’a contacté et m’a dit : « On a un poste ouvert pour s’occuper des concerts chez Atlantic. Ça t’intéresserait ? » J’ai dit : « Bien sûr, je suis ouvert à tout. » Accepter ce poste, c’était un peu vague, j’avais envie d’en savoir un peu plus.
Avec le recul, quand je vois tout ce que ça représente et ce que c’est devenu pour moi, je me dis que c’est un boulot génial. C’est beaucoup plus créatif. Dans mon ancien job, j’avais l’impression de remplir beaucoup de tableaux Excel, de passer mon temps à négocier, alors que là, c’est plus du marketing.

En quoi ça consiste exactement, ton job actuel ?
En pas mal de choses. Il y a deux aspects, les tournées et la promotion des tournées.

Quand les artistes partent en tournée, je travaille avec leurs agents pour les aider à définir une stratégie et savoir où l’artiste a intérêt à jouer, en fonction de ses ventes d’albums, de ses auditeurs radio, de ses stats sur les réseaux sociaux… on se sert de toutes les données à disposition qui nous permettent de dire : « Ok, cet artiste doit jouer à Cleveland à telle date parce qu’on a une bonne implantation radio là-bas et que sur Facebook, il a beaucoup de fans qui sont de là-bas. » On utilise ces outils pour s’assurer que nos artistes vont dans les villes et les salles de concert qui leur correspondent le mieux.

Si on m’a approché pour ce poste, c’est parce que j’avais bossé chez The Agency Group : je connaissais bien les salles de concerts, les tourneurs, et toutes les problématiques liées à l’organisation de tournées. A NY, quand on est un jeune groupe indé, il faut jouer au Bowery Ballroom. C’est le top. Mais quand on va à Indianapolis, où est-ce qu’il faut jouer ? Et à Phoenix ? Même un endroit qui sur le papier ne semble pas très sexy peut contribuer à vraiment lancer un artiste.

Donc, je m’occupe beaucoup de l’organisation des tournées, et ensuite je définis une stratégie pour en assurer la promotion. Je décide si ça va s’accompagner de la sortie d’un nouveau LP ou d’un nouveau clip, si on va mettre les billets en prévente, en quoi la prévente va consister. Je vois s’il y a un fan club et s’il correspond toujours à l’image de l’artiste, si on décide d’offrir des places via une radio. Quand vous entendez « Justin Timberlake en concert dans trois mois, gagnez des places sur Z100 ! », c’est que quelqu’un du label a bien bossé. On assemble toutes les pièces du puzzle, on essaie de retirer autant de choses que possible de la tournée.

Il n’y a pas un jour qui passe sans que j’entende que les labels de musique sont morts, et en toute sincérité, je peux dire que ce n’est absolument pas le cas. Les labels se portent très bien.

J’imagine que tout ce travail a dû énormément changer avec Internet et les réseaux sociaux. Tu as vraiment vécu un moment charnière.
J’ai assisté à cette mutation en grandissant. A l’époque où j’allais à des concerts à Austin, j’écoutais les groupes sur PureVolume (plateforme d’écoute de musique en format mp3). C’est comme ça que je « consommais » la musique. Je découvrais un artiste sur PureVolume et ensuite, j’achetais le CD après un concert.

C’est intéressant, ces quatre ou cinq dernières années, tout se concentre beaucoup sur le streaming. Il y a des plateformes comme YouTube, Spotify, Ario, Pandora, Beats avec Apple et la radio iTunes… il y a une offre énorme. Les gens écoutent la musique comme ça maintenant, et les différentes plateformes de streaming font débat, mais en tout cas c’est la tendance en ce moment.

Un bon exemple, c’est Paramore. Si on regarde les chiffres, on a débuté numéro 1 au top Billboard (classement hebdomadaire de référence publié par le magazine Billboard) du meilleur album, avec je crois 150 000 albums écoulés la première semaine. C’est marrant, parce que même si on a l’impression qu’il n’y a plus que le streaming qui compte, 50% de ces albums ont été achetés en grande surface, type Best Buy ou Target.

J’ai l’impression que le classement de Billboard et les notions de disque platine n’ont plus rien à voir avec ce que c’était dans les années 90. Le système est complètement différent.
Avant, les gens vendaient des disques, et les ventes de disques ne sont plus du tout ce qu’elles étaient. Quelqu’un comme Taylor Swift réussit à vendre plus d’un million d’albums et a été la première à devenir disque platine (en 2014), mais même des artistes ultra-connus comme Sam Smith qui marchent fort ne vendent que 800 000 albums, personne n’est à un million. Alors que quand j’étais jeune, un groupe comme N’SYNC écoulait deux millions de disques en une semaine. Ça n’a plus rien à voir.

Je me souviens d’avoir fait la queue pour acheter ces albums.
Moi aussi. A l’époque je vivais à LA, je me souviens que le matin où les billets pour le concert ont été mis en vente, je me suis précipité chez Sam Goodie Records, et j’ai fait la queue parce qu’à l’époque, on ne pouvait pas acheter les places sur Internet. Mais tout change. Et tout le monde essaie de s’adapter au fur et à mesure.

Ce qui change complètement la donne dans ton métier.
Oui. Mon autre activité, c’est le « développement » des artistes, tout ce qui touche à la promotion. Quand on organise une campagne de promotion pour un artiste, on essaie de voir quelle serait la meilleure visibilité à lui donner. J’ai beaucoup travaillé avec Charli XCX depuis deux ans, et j’essaie de voir quelle est la meilleure façon d’assurer sa promotion tout en cadrant avec ce qu’elle véhicule. On va prendre un exemple idiot, mais on se pose des questions du genre : « Est-ce qu’il faut qu’elle participe à l’émission Sesame Street ? Non. Ce n’est vraiment pas elle. »

Je l’ai vu au Top 20 Countdown de VH1.
On essaie de considérer toutes les options, et on se dit qu’on aimerait bien faire x, y et z mais pas a, b et c parce que ça ne correspond pas à notre image ou que ce n’est pas ce qu’on veut. On essaie d’aider l’artiste à cadrer avec la perception qu’il veut qu’on ait de lui, on essaie de comprendre sa vision et de ne pas lui proposer des trucs qui sont aux antipodes. On l’aide à projeter l’image qu’il veut projeter en lui offrant la meilleure visibilité possible.
Aider un artiste à se développer, c’est quelque chose que tu fais plus au fur et à mesure, à chaque disque, ou est-ce que tu te projettes aussi sur le long terme ?
On est dans une optique de développement de carrière. Et pour ça, Atlantic est vraiment différent de Sony ou Universal : il y a des labels qui veulent qu’un album ait un succès immédiat, ça leur suffit. Nous, on est contents quand ça marche, mais on a envie que le succès de nos artistes s’inscrive dans la durée.

Prenons par exemple Charli qui a sorti un album, True Romance, en avril 2013. L’album a bien marché, il a été salué par la critique et très bien reçu. Musicalement, c’était un super album et il s’est écoulé raisonnablement. Mais ça n’a pas été un succès commercial, comme d’autres projets sur lesquels on a bossé. Du coup, on travaille ensemble sur le prochain album, tout en essayant de trouver exactement ce qu’elle veut. On essaie de capitaliser sur le 1er album pour l’album suivant. On ne laisse rien au hasard.

Un des gros succès d’Atlantic, qu’on cite souvent en exemple, c’est un artiste avec lequel j’ai travaillé, Ed Sheeran. En 18 mois, il est passé de la petite salle confidentielle du Mercury Lounge à Madison Square Garden, où il a joué à guichet fermé.

Vous êtes combien à bosser dans ton équipe ?
Six au total. On est quatre à faire la même chose. Harlan Frey, un type vraiment super, supervise notre boulot. Il nous laisse nous occuper chacun d’un pool (d’artistes) et nous soutient énormément. On a aussi un assistant qui nous aide avec la billetterie, par exemple, et tout ce dont on peut avoir besoin. Quelqu’un de précieux.

Pour la répartition des artistes, dans un monde idéal, on laisse choisir à chacun les artistes avec lesquels il a le plus d’affinités. Si je travaille avec ces quelques artistes aujourd’hui, c’est parce qu’à un moment donné, je me suis manifesté et que j’ai dit : « Ce projet me plaît vraiment, est-ce que je peux travailler avec cet artiste ? »

Quels sont les musiciens dont tu t’occupes actuellement ?
Je bosse avec Lykke Li, Christina Perry, Charlie CXC, Marina and the Diamonds, Icona Pop, Paramore… toutes des nanas à l’univers pop que j’adore. C’est vraiment un genre de musique que j’adore et c’est génial de pouvoir travailler avec des gens qui font la musique qu’on aime.

Sur la scène plus rock, je bosse avec Portugal. The Man, Young the Giant, Saints of Valory, un jeune groupe d’Austin qu’on adore, Meg Myers, la nouvelle sensation indé qu’on a découverte. Elle a tourné avec Indie Blood, les Pixies et quelques autres groupes sympas cette année. C’est un peu comme une nouvelle Alanis Morissette. Elle est géniale. Vous allez bientôt entendre parler d’elle.

Et il y a aussi la scène dance/électro, qui était un peu un territoire inconnu pour moi quand j’ai débuté. J’avais bossé avec tellement de groupes rock et indé que je ne comprenais pas vraiment ce genre musical. Et franchement, ça m’a fait du bien de découvrir un autre aspect de la musique. Je travaille avec un groupe qui s’appelle Cash, c’est un trio de DJ du New Jersey. Cette année, ils ont sorti un morceau, « Take Me Home » qui est devenu disque d’or, ça a été un gros succès pour Atlantic. On a aussi Volantis, deux DJ suédois. C’est l’un d’eux qui a écrit Toxic pour Britney Spears… un petit morceau dont vous avez peut-être entendu parler ( !). On prépare un disque ensemble pour 2015 et en ce moment, on entend pas mal parler d’eux. On a aussi un groupe anglais, Clean Bandit. En concert, ils sont déments : violon, violoncelle, une chanteuse, un batteur et un clavier. On a un autre groupe anglais, The Rudimentals, incroyable sur scène. C’est franchement le meilleur groupe à voir jouer live dans un festival. Ils sont huit ou neuf sur scène : trois au chant, un guitariste, un batteur, une trompette et d’autres cuivres… c’est hyper sympa. Et le projet qui nous excite le plus en ce moment, c’est le groupe 21 Pilots. Ils sont sur Fueled by Ramen, l’ex-label emo qui est en train de devenir le nouveau label en vogue pour les musiques alternatives depuis que Fun and Young the Giant sont dessus. C’est notre prochain gros projet pour Fueled by Ramen.

Tu as vu l’industrie de la musique évoluer, ces 10 dernières années ?
Il y a vraiment eu beaucoup de changements. Musicalement, il y a moins de guitares et plus de musique électro et de samples. Mais je pense que dans les deux années à venir, les instruments plus traditionnels vont faire leur come-back sur scène grâce à des artistes comme John Legend, Sam Smith et Adele qui ont eu beaucoup de succès en 2014.

Question tournées et concerts, en 2005, personne n’aurait envisagé de payer 1 500 dollars pour écouter un concert et rencontrer un artiste qu’on adore. Aujourd’hui, ce n’est même plus que c’est la norme… quand on joue dans d’immenses salles de concert et qu’on ne propose pas de billets VIP, les gens demandent pourquoi. Le package VIP, qu’on aime ou pas, n’est pas près de disparaître. Sur beaucoup de tournées, il y a de plus en plus de zones VIP réservées pour offrir aux fans une expérience hors du commun. Les gens aisés recherchent ce type d’expérience, et les groupes et les festivals sont très contents de pouvoir capitaliser là-dessus. Donc la frénésie VIP est là pour durer !

Comment est-ce que tu vois la musique évoluer à l’avenir ? Il y a beaucoup de gens qui disent que c’est une industrie moribonde… mais d’après ce que tu me dis, on a plutôt l’impression que c’est un secteur plein de ressources.
Il n’y a pas un jour qui passe sans que j’entende que les labels de musique sont morts, et en toute sincérité, je peux dire que ce n’est absolument pas le cas. Les labels se portent très bien. C’est vrai, il faut qu’on réinvente de nouveaux modèles de contrats pour les albums, mais on travaille avec les artistes comme les labels old-school ne l’avaient jamais fait avant. Mon boulot n’existait pas il y a 20 ans, par exemple. Le fait que les labels aient fait l’effort de trouver des gens qui connaissent l’univers des tournées, qui aident et conseillent les artistes sur les concerts et la promo, montre qu’ils se voient enfin plus comme un partenaire qui accompagne toutes les facettes de la carrière d’un artiste.

Dans les 10 prochaines années, je crois que le fossé entre les gens qui achètent les albums en magasin et ceux qui optent pour la version dématérialisée en streaming va encore se creuser davantage. Il suffit d’observer l’industrie du cinéma… les blockbusters, ça n’existe plus, mais les studios continuent à sortir des films au cinéma pour les cinéphiles tout en offrant la possibilité de voir les films en streaming sur Netflix / HBO GO / Amazon, etc., chez soi. Pour tout ce qui est presse écrite, beaucoup de publications sont en train de disparaître, tout le monde va sur Internet. Je crois que la musique va connaître le même sort. Il y a aura toujours le choix entre des albums physiques et numériques (il suffit de regarder le retour du vinyle… du jamais vu depuis 30 ans !), mais on a compris qu’on allait vers de nouvelles manières de consommer la musique. Qui sait de quoi l’avenir sera fait, mais en attendant, le streaming occupe le créneau.

Il t’est déjà arrivé de bosser avec un groupe qui ne t’emballait pas ?
Non, je suis fan de tous mes artistes. (petit clin d’œil)

Comment tu fais ?
Je crois qu’on peut trouver des trucs qu’on aime dans tous les projets. Même si on travaille avec une équipe moins facile ou qu’on aime moins la musique. Evidemment, les projets qui m’emballent le plus, ce sont ceux dont j’aime le style. Mais en général, j’essaie juste de me plonger dans la musique.

Moi, par exemple, au début, la mouvance dance, ce n’était pas trop mon truc, mais après être allé à pas mal de concerts et avoir passé du temps avec les musiciens, à travailler en étroite collaboration avec eux, je sens que je me suis vraiment familiarisé avec ce genre musical.

Est-ce que tu te lasses un peu de la musique sur laquelle tu bosses ? Tu frôles l’overdose ?
C’est vrai qu’on écoute beaucoup les groupes sur lesquels on bosse. Je ne dirais pas que ça va jusqu’au dégoût. C’est un peu comme pour un musicien qui termine sa tournée, et qui est content d’arrêter de chanter certains morceaux. Et quand un groupe rentre de tournée, c’est un moment excitant, on sait qu’il va préparer des nouveaux morceaux et que son prochain concert sera complètement différent.

Je sais que tu voyages énormément et que tu passes ta vie dans les concerts. Est-ce que tu es très proche de tes musiciens, tu les suis sur une tournée ?
Ça dépend. Je suis plus ou moins impliqué en fonction des groupes. Sur un projet comme Vance Joy — un chanteur avec lequel je travaille en ce moment — j’ai passé pas mal de temps au Texas. Vance Joy a fait les premières parties de Taylor Swift tout l’été aux Etats-Unis. C’est vraiment sympa de passer du temps ensemble. On a fait des émissions de radio pour sa promo, il a joué en studio, on a organisé des déjeuners, je l’ai accompagné à pas mal de rencontres avec son public. J’aime beaucoup passer du temps avec les musiciens, ces moments ensemble font souvent naître de bonnes idées.

Sur la tournée de Charli à l’automne 2013, j’ai sillonné NY de long en large pour l’accompagner en promo, ce qui nous a permis de mieux nous connaître. Après, c’est plus facile de donner son avis ou de conseiller un artiste. Passer du temps à ensemble en one-to-one, connaître ses goûts… Parfois, mon boulot consiste à dire : « Je sais que tu es crevé/e, tu as envie d’aller te coucher, mais cette radio, c’est hyper important qu’on la fasse. » S’occuper d’une tournée, c’est dire : « Aujourd’hui, on doit faire ça. C’est vraiment important. »

On a l’impression qu’il y a une bonne partie de ton travail qui rejoint celui de l’agent.
On a un département RP, un département radio, un département vidéo qui gère les relations avec des chaînes comme MTV ou VH1. Moi, je suis un peu là en renfort. Je demande à tel département si on peut faire ou ça. Je suis le trait d’union entre ces univers. Notre département gère les relations avec les musiciens, ça nous permet de travailler dans ce sens. La question, ce n’est pas « Qu’est-ce qu’on fait ? » mais plutôt « Comment est-ce qu’on fait ? » On met en relation les directeurs artistiques avec les chorégraphes et les scénographes. On touche à tout.

Je trouve que souvent, les jobs les plus intéressants sont ceux dont la définition reste floue. C’est l’occasion d’explorer un domaine, de faire plein de trucs cool. Il t’est déjà arrivé de repérer des musiciens pour Atlantic ?
Oui, ça m’est arrivé. Il y a un ou deux musiciens dont j’ai soufflé le nom au département Nouveaux talents, en charge de signer des nouveaux artistes. Donc il y a un ou deux artistes que j’ai signalés en disant : « Ecoutez ça, on en parle beaucoup sur Internet, j’ai l’impression qu’ils n’ont encore signé avec personne », ou alors « Quelqu’un m’a dit qu’ils allaient faire un carton. ». Souvent, c’est des artistes que je découvre via une playlist Spotify ou dont plusieurs magazines comme Pitchfork, Complex, Rolling Stone, Spin, Brooklyn Vegan commencent à parler. En fait j’essaie de repérer qui fait le buzz et pourquoi.

Quels conseils donnerais-tu à un jeune musicien ? Comment se faire repérer ?
Il y a des tonnes de musiciens en herbe, beaucoup plus qu’avant, j’ai l’impression. Si tu veux attirer l’attention, il faut proposer quelque chose de différent tout en restant fidèle à soi-même. En ce moment, il y a plein de groupes qui essaient à tout prix de devenir les prochains Lumineers alors que ce genre musical est déjà surreprésenté. Il faut plutôt essayer de se démarquer. Les artistes les plus dynamiques sont ceux qui se réinventent en permanence. Prenez une vraie star, comme Justin Timberlake : il n’a sorti que trois albums, qui n’ont rien à voir les uns avec les autres. C’est parce qu’il collabore avec plein de gens différents pour que le résultat soit toujours hyper novateur.

Si tu veux attirer l’attention, il faut proposer quelque chose de différent tout en restant fidèle à soi-même. En ce moment, il y a plein de groupes qui essaient à tout prix de devenir les prochains Lumineers alors que ce genre musical est déjà surreprésenté. Il faut plutôt essayer de se démarquer.

Une journée-type pour toi ?
Il y a deux jours, ma journée a commencé par une émission télé avec Vance Joy. J’étais sur place, je l’ai accompagné pour m’assurer que tout se passait bien, qu’il était à l’aise. Faire une télé, c’est être entouré par une trentaine de personnes surexcitées qui vous hurlent d’aller sur le plateau. Moi, je suis là pour m’assurer que tout le monde va bien. Donc oui, parfois je commence par une télé, ensuite j’arrive au bureau, je travaille sur le planning de Charli XCX – là, on va shooter d’autres couvertures pour des magazines qui vont bientôt sortir. Ensuite, on peut avoir un musicien qui vient nous voir, ou alors c’est un agent qui vient pour un meeting ou un déjeuner. Ensuite, je bosse sur le plan marketing de Lykke Li au Radio City Music Hall pour être sûr qu’on va vendre un maximum de places de concert. Le soir, je sors écouter un de nos artistes au Webster Hall. Voilà à quoi peuvent ressembler mes journées. En général, elles sont hyper remplies.

Tu travailles énormément.
Mais j’adore ce que je fais.

En fait, ce n’est pas vraiment un boulot, c’est ta vie.
Si je me plaignais, j’aurais l’impression d’abuser : il y a tellement de gens qui rêvent de bosser dans la musique. Donc même si j’en ai envie parfois, je me retiens, parce que je me dis qu’en un clin d’œil, quelqu’un peut prendre ma place.

Je te comprends. La mode, c’est pareil.
Si on a une télé le matin, je pars de chez moi à 7 h 30 ou 8 h, parfois même plus tôt, et quand il y a un concert le soir, je ne rentre pas avant 1 h ou 2 h du matin. Mais j’adore ça.

Le plus gros défi, dans ton travail ?
Bien gérer son temps et hiérarchiser les priorités. Je m’occupe de 26 groupes différents en ce moment, donc il faut que je puisse trouver suffisamment de temps pour tout le monde, m’assurer que tout le monde a ce dont il a besoin… et ça, c’est vraiment difficile. On aime vraiment nos artistes, je n’essaie pas de tout bâcler pour pouvoir partir à 18 h ou 19 h le soir. Je pars quand j’ai terminé.

Est-ce que tu as parfois l’impression d’être débordé, d’avoir besoin de passer le relais à un assistant ? On est corvéable jusqu’à un certain point seulement…
Là, j’arrive à un point délicat, je suis presque à la limite pour pouvoir continuer à être efficace. Mais je ne suis pas débordé. Quand j’ai commencé, je me sentais débordé, parce que ça faisait beaucoup d’un coup. Mais depuis, j’ai appris à définir mes priorités, à savoir ce qui doit être fait aujourd’hui absolument ou ce qui peut attendre un peu. Mais c’est vrai que je dois aussi être joignable à 2 h du matin, gérer des situations d’urgence type un bus qui tombe en panne, un musicien qui ne pourra pas assurer l’émission télé/radio du lendemain matin, un artiste qui rate son avion.

Ce que tu aimes par-dessus tout dans ton boulot ?
J’adore me mettre à bosser avec un musicien, assister au processus de création d’un album du début à la fin. L’album de Charli, « Sucker », on en parlait déjà en avril. J’étais à LA, et elle m’avait dit : « J’ai une super idée pour l’album. J’ai un super nom et des super éléments visuels. » Et quand on a eu l’album entre nos mains au mois de septembre, je lui ai dit : « Tu vois, c’est génial, c’est l’idée que tu avais il y a six mois, et ça y est, tu l’as entre les mains. C’est exactement ce que tu voulais. » Et c’est vraiment gratifiant de voir la vision d’un artiste se concrétiser grâce au travail qu’on a fourni ensemble.

Comment est-ce que tu gères les moments un peu difficiles avec tes musiciens ?
C’est vrai, il y a des moments rock’n’roll, mais je finis toujours par relativiser. J’ai dû gérer des situations difficiles sur le moment, mais il suffit de prendre un peu de recul, de se détendre et de ne pas prendre les choses trop à cœur… On bosse tous ensemble. Et finalement, une semaine plus tard, on en rigole, on se dit que ça fera une bonne anecdote dans une autobiographie.

J’essaie toujours de me souvenir pourquoi je fais ce boulot. Pas parce que j’ai besoin de ce job – enfin, si, bien sûr, j’en ai besoin -, mais parce que j’adore ce que je fais. Parfois, je passe une sale journée, je suis de mauvais poil en rentrant à la maison, mais ensuite, je pars courir, et le moral revient.

Tu disais que ton premier boss avait été ton mentor ? C’est toujours le cas ? Tu en as d’autres ?
Je ne dirais plus que j’ai un mentor en particulier. Atlantic m’a beaucoup apporté, il y a vraiment des gens géniaux, ici. Steve m’a présenté plein de gens dans ce milieu, il m’a appris comment me comporter, comment me faire respecter. J’ai eu beaucoup de chance qu’il m’aide à faire mes premiers pas dans cet univers.

Mais j’ai aussi beaucoup appris grâce à l’équipe d’Atlantic. Mon boss, Harlan, s’occupe de faire tourner les artistes depuis 20 ans. Il me propose constamment de nouveaux défis. Julie Greenwald, notre directrice, est dans le milieu depuis toujours, elle a la ligne directe de Jay Z. Craid Kallman, l’autre directeur, était l’un des DJ les plus respectés de NY, c’est un vrai passionné de musique. Il cherche vraiment à produire la meilleure musique possible. Et c’est vraiment génial de baigner dans cet environnement. L’équipe chargée des relations avec les radios me racontent des anecdotes sur Tina Turner ou les Spice Girls… et c’est drôle, je leur dis « mais c’est vous qui avez forgé ma jeunesse. Si j’ai aimé les Spice girls, c’est à cause de votre travail, c’est vous qui m’avez dit d’aimer ces artistes. »

Ce ne sont pas les gens qui viendront vers toi, si tu as quelque chose à dire, lance toi. Questionne les gens.

Le meilleur conseil qu’on t’ait donné ?
Je crois que c’est mon père qui me l’a donné et c’était : « N’aie pas peur de poser des questions, de t’exprimer. » Ce ne sont pas les gens qui viendront vers toi, si tu as quelque chose à dire, lance toi. Questionne les gens. J’ai l’impression que les gens de notre génération, ou dans le boulot en général, ont peur de demander des choses, de faire des suggestions, de s’exprimer. Bien sûr, les gens peuvent te détester si tu fais ça, mais ça peut aussi être l’occasion de se faire respecter. Soit la réponse est « Non, pourquoi est-ce qu’on ferait ça ? » soit ce sera « C’est une idée géniale. ». C’est important de prendre ce genre de risque, plutôt que de rester sagement assis dans son coin sans rien dire.

Qu’est-ce qu’on peut espérer gagner comme salaire dans ce milieu ?
Bosser dans la musique, c’est un peu comme comme bosser dans la mode ou à la télé : quand tu commences, tu gagnes un salaire de misère. Tu loues un appartement dans un quartier miteux, tu flippes le soir en rentrant chez toi, mais tu continues parce que tu adores ce que tu fais. Il ne faut pas choisir ce boulot pour l’argent. Bien sûr, il y a de l’argent, mais au départ, on ne choisit pas ce boulot pour devenir riche. Si tu veux te faire beaucoup d’argent, mieux vaut faire des études de droit ou une école de commerce. On peut réussir dans la musique mais l’argent n’est pas un facteur déterminant pour la plupart des gens qui bossent dans ce milieu.

Ton conseil à ceux qui rêvent de bosser dans la musique ?
Il y a deux catégories de profils : ceux qui veulent travailler dans la musique parce qu’ils ont entendu dire que c’était un milieu génial et ceux qui adorent la musique. Moi, je suis dans la seconde catégorie, comme la plupart des gens qui m’ont inspiré dans ce milieu… ce sont tous des passionnés de musique. Si on adore la musique et qu’on veut vraiment travailler dans ce milieu, il faut se donner les moyens. En général, on commence comme assistant pour un label, chez un manager ou un agent. En gros, il faut réussir à mettre son pied dans la porte, et à partir de là, tout est possible.

Moi, je suis passé d’une agence à un label, et là, j’ai un poste atypique qui n’existait pas il y a 10 ans. Peut-être que ce type de poste de management existe parce que cette industrie couvre un spectre d’activités de plus en plus large.

Quels sont tes rêves pour l’avenir ?
Difficile à dire. Je rêve de réussir à toucher les jeunes, ceux qui sont en primaire, au collège et au lycée… pour que la musique occupe une vraie place dans leur vie, comme dans la mienne. La musique a vraiment été déterminante pour moi. S’il y a ne serait-ce qu’une personne qui me dit : « L’Album Sucker de Charli XCX est le meilleur album pop que j’aie entendu. », alors mon rêve sera exaucé. Voilà, c’est tout ce que je veux. J’ai juste envie que les gens aiment la musique autant que moi, autant que les gens qui travaillent avec moi.

Tout le monde parle des labels de musique comme de cet énorme rouleau compresseur corporate et machiavélique. Mais la réalité, c’est qu’on veut juste que nos artistes réussissent. On veut que les gens aiment notre musique. Si on voulait gagner des milliards, on bosserait à Wall Street.

Jetez un coup d’oeil sur mes autres interviews ici.

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