Mortalité infantile en Afrique : une cause négligée par l’Occident

Consacrée au début des années 2000 comme un objectif du millénaire pour le développement, la lutte contre la mortalité infantile n’aura pas eu l’impact attendu ces dernières années. La réduction de deux tiers de la mortalité des enfants de moins de cinq ans ne devrait en effet par être atteinte d’ici fin 2015 et pourrait même selon un récent rapport de l’Unicef ne pas être atteinte avant 2028. Un constat alarmant auquel il fallait s’attendre selon le spécialiste des relations diplomatiques en Afrique Jean-Yves Ollivier, pour qui l’Occident a trop longtemps délaissé ce combat au profit de causes plus médiatisées.

Si l’agence des Nations unies, dédiée à la protection de l’enfance, ne désespère pas, soulignant les importants progrès réalisés (en 2012, 6,6 millions d’enfants de moins de cinq ans sont décédés, ils étaient 12,8 millions en 1990), les populations les plus pauvres et les plus éloignées des centres de santé, sont encore largement frappées par la mortalité infantile et maternelle. Et le problème n’est pas tant quantitatif que lié aux politiques mises en place, précise l’Unicef.

« Il faut utiliser efficacement les ressources disponibles », détaille Guide Borghese, conseiller développement de l’enfant à l’Unicef pour l’Afrique de l’Ouest et centrale. « Les unités de traitement de la malnutrition doivent être installées au plus près des populations concernées. De même que les distributions de moustiquaires imprégnées contre la malaria, de médicaments ou de vaccins ». La gratuité des soins ou, dans certains cas, la mise en place de systèmes de « cash transfer » – la distribution d’argent liquide localement, ont grandement contribué à la réussite de politiques sanitaires plus efficaces.

Mais cela semble loin d’être suffisant et les choix fait par l’Occident dans la lutte pour un système de santé plus fiable et performant en Afrique sont aujourd’hui pointés du doigt par de nombreux spécialistes. Car si les taux de mortalité infantile recule de manière générale au niveau international, certaines régions les plus pauvres souffrent encore aujourd’hui d’un manque criant de traitements et d’infrastructures de prise en charge, à tel point que l’on peut s’interroger sur la pertinence des moyens sanitaires mis en œuvre dans ces régions.

Une situation assez caractéristique de la politique de priorisation des causes menée par l’occident en matière de santé et d’aide humanitaire. En effet comme le rappelle Jean-Yves Ollivier dans les Echos, « la lutte essentielle contre la mortalité infantile et maternelle a ainsi été négligée au profit de « causes » plus populaires dans le miroir narcissique de l’Occident. Et encore, malgré des dizaines de milliards dépensés ici (le sida) plutôt que, par exemple, pour la recherche d’un vaccin antipaludéen, seulement 44 pour cent des Africains ayant besoin d’antirétroviraux reçoivent effectivement leur médication de survie. Le sida plutôt que l’accouchement médicalisé – comme on le voit, des choix de vie et de mort sont faits sans que cet arbitrage, aux mains de l’Occident, soit exposé sur la place publique ».

Ajoutées à cela, l’instabilité politique et une croissance démographique exponentielle (jusqu’à 7 enfants par femme au Niger) rendent le travail des hommes et femmes de terrains toujours plus délicat et imposent désormais de remettre ce combat à l’ordre du jour, au centre des préoccupations politiques et médiatiques pour tout faire et redoubler d’efforts en faveur de la survie de l’enfant.

Crédits photo : European Commission DG ECHO

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