Une pédagogie de l'écoute en langage - Maternelle

Il y a quelques mois, j'ai regardé une conférence de Pierre Péroz, maitre de conférence en sciences du langage à l'université de Nancy-Metz.

Il propose une nouvelle façon d'animer les séances de langage en maternelle, basée sur une pédagogie de l'écoute.

Voici les grandes lignes :

1. Pendant la séance, adopter un dialogue pédagogique à évaluation différée = on repousse le moment où l'enseignant intervient dans la discussion.

L'enseignant interroge tous les élèves qui lèvent le doigt sans intervenir entre chaque réponse. Tout le monde peut prendre la parole, l'enseignant accepte les redites et les répétitions.

Du coup, le schéma du moment de langage n'est pas "Question de la maitresse - réponse d'un élève - question de la maitresse - réponse d'un élève etc.", mais devient :

" - Question de la maitresse

- réponse de l'élève A

- réponse de l'élève B

- réponse de l'élève C

- réponse de l'élève D

- Question de la maitresse

- réponse de l'élève A etc..."

L'enseignant s'interdit les "conversations privées" qui sont des suites de question / 1 seule réponse du même élève.

2. Lire des textes sans image

Ils permettent des échanges beaucoup plus riches, ils permettent une bien meilleure mémorisation du texte (la vue des images s'imprime et prend le pas sur ce que dit le texte).

Les textes sans image permettent un langage d'évocation, au passé alors que l'image renvoie au présent et au langage de situation.

Pierre Péroz conseille de varier les supports, idéalement, les histoires racontées devraient être constituée d'1/3 d'albums, 1/3 de textes non illustrés et 1/3 de conte sans aucun support.

3. Garder toujours le même format de séance.

Pierre Péroz conseille une pédagogie explicite, où l'enseignant annonce ce qu'il va faire. Les élèves n'ont pas de surprise, ils savent ce qu'ils font et pourquoi ils le font.

Voici le format de la séance de langage proposé par M. Péroz :

1) Lire ou raconter.

2) partie "langage" avec questionnement régulier mais mesuré.

L'enseignant n'hésite pas à répéter les questions plusieurs fois. Il laisse parler tous les élèves qui le désirent. Il adopte le principe d'exhaustivité : Est-ce qu'on a tout dit? Est-ce qu'on n'a rien oublié?. Le questionnement est toujours collectif, pas de conversation privée.

L'enseignant pose les questions toujours dans le même ordre :

1) "De quoi vous souvenez-vous ?"

2) "Quels sont les personnages ?" ( que veulent-ils ? Que voulait X ? Que voulait Y ? Que pensez-vous de X ? de Y ? Ont-ils obtenu ce qu'ils voulaient ?

3) Le sens de l'histoire : compréhension fine, "Et vous, à la place de X, qu'auriez-vous fait ?"

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J'ai expérimenté cette pédagogie de l'écoute avec mes élèves par groupe de 4 ou 6 élèves, comme ça....pour voir.... et j'ai été bluffée ! Les élèves ont vite compris qu'ils pouvaient prendre la parole, même s'ils n'étaient pas les plus rapides à lever le doigt. Du coup, le climat de séance était beaucoup plus calme et posé qu'habituellement. Les petits parleurs ont pris la parole, souvent en répétant une idée qui avait déjà été dite mais toujours en y apportant un petit détail non encore évoqué.

Le fait de me mettre en retrait de ne pas intervenir verbalement entre chaque "réponse" des élèves a transformé le moment de langage, qui est passé de "on répond à la maitresse" à "on discute tous ensemble".

Je trouve les arguments de Pierre Péroz absolument convaincants et je vous encourage à visionner les vidéos de sa conférence. Allez, c'est encore les vacances, vous avez le temps, vous ne serez pas déçu ! Cliquez sur la photo.




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